Il s'appelait Jean-Marc. Jean comme sa marraine - Jeanne. Jeanne donnait le journal à ses vaches pendant le traite, "comme ça, elles pensent à autre chose' qu'elle disait. Et Marc, parce que son père trouvait que Jean tout court s'était trop court, et qu'avec Marc c'était plus "moderne"... Sa mère a pleuré pendant trois jours entiers quand il lui a dit qu'il allait tenter sa chance à Paris.
Elle, c'était Bérénice, joli brin de fille, un brin dans les nuages et le pied léger. Elle est née un jour de juillet, la fanfare passait dans la grand-rue et les majorettes agitaient le bâton sous les fenêtres de la chambre où sa mère enfanta dans d'atroces douleurs. Petite fille, Bérénice passait son temps à s'inventer une vie loin de l'épicerie familiale. Elle rêvait de grands galas, de petits rats de l'opéra et de danseuses étoile. Elle dansait entre les saucissons secs et les étals de fruits et légumes. 'Tu n'y penses pas Bérénice, un rat au milieu des céréales et des sacs de farine... mais que va-t-on faire de toi ! ' disait sa mère dans d'atroces douleurs.
Ces deux là se sont aimés au premier regard. Elle rentrait à l'épicerie ce jour là, au coin d'une ruelle entendit un air de Gus Viseur, un swing bien pensé. Il était là attendant la rencontre qui changera sa vie. Les plus jolies bretelles à son accordéon, pantalon à carreaux rouges et moustaches huilées. Elle s'avançait pied et coeur léger quand ses yeux se sont posés sur elle dans sa jolie robe fleuri.
Ils se souviendront de ce jour là toute leur vie...... sur un swing bien pensé.
Souvenir d'un jour de swing posé sur un radiateur entre de jeunes pousses de plantes grasses.
Toute ressemblance avec des personnes réelles est toute à fait fortuite...